Auteur: Charlotte Bousquet
Éditions L'Archipel - Collection Galapagos
Publié le 8 février 2012
Site Web: - Éditions L'Archipel
- Site Web de Charlotte Bousquet
Genre: Young Adult / Fantastique
Pages: 240 Prix: 14,95 €
Résumé de l'éditeur:
"Si je te revois, je te tue."
Pour avoir protégé Axel de ses frères d'armes, Cléo est condamnée à l'exil. Recueillie et soignée par les Chimères, la jeune fille découvre, malgré le soutien de Lyn sa jumelle, un monde dont elle se sent exclue. Par certains hybrides, qui voient en elle une menace. Par celui dont elle a sauvé la vie.
Et puis, il y a les cauchemars, toujours plus violents, plus réels. Qui sont les véritables meurtriers de ses parents? Déterminée à découvrir la vérité, Cléo, accompagnée d'Axel qu'elle aime sans espoir de retour, se risque sur une dernière piste. Une piste d'encre et de flammes...
Mon avis:
Retrouver l'univers enivrant, féroce et poétique de Charlotte Bousquet est un pur bonheur doublé d'un délice littéraire! Tout dans Nuit Brûlée est accentué, comme sublimé, amplifié. Comme s'il y avait une nécessité de vivre les choses pleinement, de peur de mourir dans la seconde qui suit.
Cet environnement impitoyable rend les luttes, qu'elles soient physiques ou psychologiques, d'autant plus intenses et terribles.
Dans ce second tome de La Peau des Rêves, l'auteur va fouiller plus loin dans les émotions, jusqu'à aller au cœur de notre inconscient pour en révéler nos propres peurs, nos propres désirs, et mettre le doigt sur une part de nos rêves.
Peu d'auteurs sont capables d'une telle prouesse, très bien résumée par une phrase de Nuit Brûlée: "Elle-même devenait pure émotion..." (p.106).
Car ne nous y trompons pas, Charlotte Bousquet a sans aucun doute hérité du même don que sa Gypsie conteuse: elle insuffle la vie à ses histoires, à ses personnages, qui deviennent, comme sortis d'un rêve ou d'un mirage, tellement réels, tellement palpables... Comme de vieux compagnons, avec qui le lecteur aurait tout partagé, du début à la fin: les doutes, la colère, la peur, la violence même, et surtout le désir ardent de toujours aller de l'avant.
Ce sentiment d’intimité, d'appartenance est renforcé par les citations de pièces de théâtre (comme dans le premier tome), mais également par celles de romans plus contemporains qui nous rappellent des héros que nous connaissons bien. Il est ainsi plus facile de comprendre et de se mettre à la place des personnages.
Aller de l'avant, envers et contre tout, oui, mais Cléo n'est pas au bout de ses peines pour s'arracher à l'étreinte du désespoir. Car il est pire que de ne pas avoir de destin dans une monde en ruines: le fait de se retrouver écartelée entre deux mondes auxquels on n'appartient pas, et qui vous essorent jusqu'à la moelle pour ne laisser qu'une carcasse vide.
Après trouver son destin, trouver sa place dans le chaos est surement la plus grande des épreuves. Alors Cléo se laisse guider par l'énergie du désespoir, s'accroche aux bouées qu'elle trouve dans la tempête (ce qui la rend profondément humaine): les livres, souvenirs de l'ancien monde qui forment des lueurs d'espoirs et qui guident tel un phare. Sa sœur, Lyn, qui est comme son double et son contraire. Et puis Axel aussi, qu'elle aime d'un amour enfiévré et impossible.
La romance de ses deux êtres troublés et écartelés dans la tourmente est bouleversante, et fait penser à celles des grands chef-d'oeuvres romanesques.C'est le genre de romance qu'on aimerait lire beaucoup plus souvent, qu'on aimerait vivre aussi.
Dans ce deuxième tome, la part de l'intrigue est d'avantage mise en avant, avec Cloé qui cherche désespérément les bribes de son passé et de ses origines. Tout son univers s'écroule, et elle y laissera toutes ses croyances, ainsi que quelques plumes dans la bataille. Pourtant, Cléo veut encore croire, mais son aveuglement sert d'autant plus sa tragédie, et semble faire le jeu d'un éternel recommencement.
Je regrette juste un petit peu qu'on devine trop aisément à qui Cléo peut faire confiance, et qui sont ceux qui désirent sa perte.
Quoiqu'il en soit, l'écriture de Charlotte Bousquet est tellement savoureuse que le lecteur prend le temps de déguster chaque ligne, jusqu'à la dernière bouchée.
Tout en faisant monter la tension en crescendo, nous avons droit à une explosion des saveurs en dernière partie, une véritable apothéose finale de fureur et de flammes qui est tout simplement jouissive. On en redemande!
Je dois avouer que c'est un peu comme une blessure de devoir quitter Cléo et Axel, ainsi que tous les autres. Mais cela confirme bien mon énorme coup de cœur pour cette saga. Car il existe des romans qui vous habitent encore longtemps après avoir tourné la dernière page, qui prennent vie en vous, et Nuit Brûlée en fait partie.
Il possède la fougue des récits qui vous tiennent en haleine jusqu'au bout, et le panache des grandes histoires intemporelles.
De manière plus personnelle, l'illustration de Mélanie Delon est encore une fois à couper le souffle, et ça fait toujours plaisir de voir pour une fois son prénom dans un roman, même très furtivement ^^
A quand la suite?