Auteur: Aleksei Pekhov
Éditions Pygmalion Fantasy
Publié le 9 novembre 2011
Site Web: Éditions Pygmalion Fantasy
Genre: High Fantasy
Pages: 420 Prix: 22,90 €
Résumé de l'éditeur:
L’ambiance n’est pas à la fête parmi les aventuriers qui accompagnent Harold l’Ombre dans sa quête : ils ont dû enterrer l’un des leurs sur la route, et ils pressentent que ce ne sera pas le dernier. Car le chemin qui les mène jusqu’à Hrad Spein, le Palais d’Os, est semé d’embûches et d’ennemis de toutes sortes.
Pourtant, leur vraie tâche ne commencera qu’une fois sur place, une tâche qu’une armée des meilleurs guerriers et des magiciens les plus doués du royaume ont échoué à accomplir : récupérer, dans le cœur secret de l’endroit le le plus dangereux et le mieux gardé au monde, une Corne magique qui, seule, peut faire obstacle à la progression des armées de l’Innommable...
Mon avis:
Avant de commencer ma chronique, je précise tout de suite que, ne possédant pas le tome 1 des Chroniques de Siala: Le Rôdeur d'Ombre (paru en mai 2011 chez Pygmalion Fantasy), je n'ai pas eu l'occasion de lire cet ouvrage avant ma lecture du tome 2 de cette trilogie.
Mais cela ne m'a pas vraiment gêné dans ma lecture, l'auteur reprenant de façon naturelle les éléments importants de l'intrigue au cours de sa narration, et grâce aussi à la présence fortement appréciable d'un glossaire en fin d'ouvrage qui résume les grands points de l'univers de Siala.
Avec Le Prédateur d'Ombre, c'est la première fois que je pénètre sur les terres de la Fantasy Slave, et je dois dire que la découverte fut agréable.
Nombreux sont ceux qui ont bravés les chemins de la High fantasy armés d'une plume, et tout aussi nombreux sont les lecteurs qui recherchent la petite étincelle qui saura faire la différence parmi les œuvres de ce genre.
Il ne faut pas chercher l'originalité des Chroniques de Siala dans le planté du décor: un grand méchant portant un nom qu'on ne doit pas prononcer décide de lancer une armée d'orques et de monstres sanguinaires sur les provinces des peuples libres, et le destin du monde repose sur une petite troupe de héros représentant ces divers peuples (hommes, elfes, nains, gnomes, goblins, ect.) qui doit retrouver un artéfact pour renverser l'Innommable.
Bref, rien de nouveau sous le soleil de la fantasy à ce niveau là. Ce qui fait la différence se situe d'avantage par rapport au ton décalé qu'emploie l'auteur en enchainant des revirements de situations incongrues et rocambolesques, n'hésitant pas à affubler ses personnages de noms à coucher dehors (Grande-Gueule, Kli Kli et j'en passe), et en prenant le pari risqué de donner le rôle principal à un véritable anti-héros, voleur de profession qui préfère mille fois la protection des ombres plutôt que les hauts faits héroïques. Harold de son prénom, ainsi que ses compagnons détiennent le destin du monde entre leurs mains, mais ça ne les empêche pas pour autant de vivre normalement: ce qui amène bon nombre de situations et dialogues hilarants.
On se demande parfois s'il ne s'agit pas en réalité de fantasy burlesque et parodique. Cependant, l'auteur possède un style fluide et agréable à lire, et le fil entre sérieux et humour est toujours habilement maîtrisé.
Nous ne sommes donc pas en présence d'une "fantasy froide", où les personnages sont des icônes inaccessibles et grandioses. Ici il s'agit bien d'une aventure "humaine" où le lecteur pourra facilement s'identifier aux héros.
Par ailleurs, lorsqu'on lit de la High fantasy, on est en droit de s'attendre à de grandes envolées chevaleresques. La couverture du Prédateur d'Ombre laissait elle-même présager des batailles emplies de fureur et de rage sanglante où le destin du monde ne se jouerait qu'à un fil.
Et c'est là que j'ai été un peu déçue avec ce deuxième tome des Chroniques de Siala: après une première partie qui démarre sur les chapeaux de roues et où l'action n'est pas en reste, il se produit un net essoufflement, comme si un autre auteur avait prit le relais.
On finit par tourner un peu en rond au niveau de l'intrigue, il y a des longueurs à propos d'activités de tous les jours qui ne font pas vraiment avancer le roman, et la destination finale de notre petite troupe semble s'éloigner de plus en plus ce qui agace un peu.
La chronologie des événements devient inégale: environ 300 pages pour quelques jours passés dans une cité, et seulement une phrase pour une semaine de voyage.
J'ai été également troublée par rapport à la tournure que prenait l'environnement de cette deuxième partie: plutôt que de la fantasy, cela m'a d'avantage fait penser à un roman d'espionnage (Mission Impossible avec des personnages fantastiques) ou à un roman de cape et d'épée à l'époque moderne (parmi d'autres exemples, la sorcière Lafresa m'a fait penser à bien des égards à la Milady d'Alexandre Dumas).
La fantasy semble arriver réellement à la toute fin de ce tome, et c'est seulement dans les dernières pages que nous avons droit à ce genre de descriptions qu'on attendait impatiemment:
"Les belles cités des elfes et des orques, les frondaisons admirables et le labyrinthe, les idoles et les temples abandonnés de peuples disparus, les ruines des cités des ogres, presque aussi anciennes que le temps lui-même et, naturellement, les merveilles et les horreurs les plus grandes de tout le monde septentrional: Hrad Spein."
En définitif, il est très difficile de fonder son jugement sur un seul tome dans une trilogie, d'autant plus s'il s'agit du second. S'il y a bien une chose que j'ai pu remarquer dans les sagas de fantasy, c'est que le premier tome mettait en place les pièces de l'intrigue et apportait la fraîcheur de la découverte, le troisième donnant quant à lui le souffle de l'apothéose finale, mais le second demeurait en général un peu en reste, faisant en quelque sorte office de maillon qui relie les deux autres.
Le Prédateur d'Ombre a été une jolie découverte et une lecture sympathique, mais qui ne m'a pas procuré de grands frissons épiques.
J'attends donc le troisième tome de l'œuvre d'Aleksei Pekhov qui semble très prometteur: il me tarde de voir Harold confronté aux pièges du Palais d'Os.