Auteur: Jean-Luc Marcastel
Éditions Hachette - Collection Black Moon
Publié le 5 octobre 2011
Site Web: Lecture Academy
Genre: Roman Fantastique / Dystopie
Pages: 450 Prix: 16 €
2 035, 31º C en-dessous de 0. Depuis des années, le Crépuscule baigne Aurillac dans un ciel de sang. L'Hiver s'est installé, un hiver éternel qui dévore les terres et fige l'océan dans la banquise. La Malesève, cette armée de pins monstrueux, a mis à genoux la civilisation. Alors, devant la fin d'un monde, que reste-t-il d'autre que l'amour ?
Johan refuse de s'agenouiller devant le sort. Par amour, il décide de retrouver celle qu'il aime. Par amour, son frère Théo, va lui ouvrir la voie. Par amour, ses amis laissent tout derrière eux pour l'accompagner.
Pour cela, ils devront pénétrer jusqu'au cœur des ténèbres... Au cœur de leurs propres ténèbres.
Mon avis:
J'éprouve quelques difficultés à savoir par où commencer avec cette chronique, tant Le Dernier Hiver m'a bouleversé, et a su tirer sur mes cordes sensibles.
La Dystopie semble réellement avoir la part belle ces derniers temps dans les romans.
Cela serait-il dû aux remises en question dont l'Homme fait preuve depuis quelques années vis à vis de ce qu'il fait subir à son environnement, et de la manière dont il dirige le monde? Ou bien les promesses exubérantes d'apocalypse par quelque calendrier maya s'approchant inexorablement? Ou est-ce que cela a toujours été là finalement: ce trouble, cette peur, ces doutes inhérents à l'humanité?
Beaucoup de questionnements, beaucoup d'interrogations, de réflexions. Mais ce que Jean-Luc Marcastel a su très bien percevoir et faire passer comme message dans son livre, c'est que si du jour au lendemain, l'univers cessait de fonctionner tel que nous le connaissions, nous n'aurions pas tellement le temps de nous poser de questions... Et que nous resterait-il alors?
Dans le monde en ruines du Dernier Hiver, l'Homme se retrouve écartelé entre les derniers bastions de l'humanité, et les soubresauts de la vie qui tente de se frayer un chemin dans les méandres d'un nouvel écosystème.
Refoulé derrière ses instincts primitifs, face à l'adversité qu'il pensait avoir anéantie en prenant le contrôle de la Terre, l'humain se retrouve face à un choix: s'élever face au cauchemar en puisant dans ce que l'homme a de meilleur, ou sombrer dans sa propre démence.
C'est le premier choix qu'ont entrepris de faire Johan, son frère Théo, et ses amis, en allant au-delà de que ce nouveau monde leur promettait de manière sentencieuse. Au-delà de leurs propres limites avec la rage du désespoir.
Car ici, ce n'est pas des monstres abrités par la Malesève dont il faut se méfier: blanche, froide, dénudée comme la neige qui recouvre le monde, sévit la cruauté des hommes dans ce qu'ils ont de plus terrible.
Et ceux qui survivent sont ceux-là même qui savent trouver la force de puiser au-delà de leurs propres failles, au-delà de leurs propres ténèbres. Car on sait la détermination dont peuvent faire preuve les humains pour faire le bien ou le mal: mais toujours ce qu'ils estiment juste au fond.
On trouve toujours des boucs émissaires pour justifier ce que nous choisissons nous-mêmes de subir. C'est le fait de s'élever d'abord sur ce qui nous retient nous-même, qui nous permet de trouver notre propre liberté.
En définitif, Le Dernier Hiver est une réflexion poignante sur notre condition d'être humain. Et j'irai même jusqu'à dire une étude anthropologique et un conte philosophique tout à la fois, sur ce qu'est l'humanité dans toute sa complexité.
Nous passons tellement de temps à nous débattre face à nos petits soucis, mais nous ne sommes rien dans ce cosmos, et Jean-Luc Marcastel nous rappèle une leçon de vie essentielle: prenez le temps de vivre, de savourer la vie à sa juste valeur, car nous ne faisons que passer ici-bas.
Je ne vous en raconterai pas plus sur Le Dernier Hiver, car tout comme les personnages de Jean-Luc Marcastel sont passés au travers de toutes sortes d'émotions, ce n'est pas un roman qui se raconte, c'est un roman qui se vit!