Auteur: Lara Parker
Éditions Michel Lafon
Publié le 3 mai 3012
Site Web: Éditions Michel Lafon
Genre: Fantastique
Pages: 432 Prix: 18,95 €
Résumé de l'éditeur:
Barnabas a conquis le cœur de la délicieuse Angélique avant de la trahir pour une autre. Malheureusement pour lui, la jeune femme a été élevée dans la magie noire et dans l'art du vaudou.
Déterminée à prendre sa revanche, elle le condamne à l'éternité en le transformant en vampire avant de l'enterrer vivant.
Deux cents ans plus tard, Barnabas est enfin libéré de ce mauvais sort. Il trouve le journal d'Angélique et découvre l'indicible: les secrets à l'origine de l'obsession amoureuse qui a uni leurs destins jusque dans la mort.
Mon avis:
Dark Shadows de Lara Parker se veut être l'histoire qui a inspiré le film du même nom de Tim Burton qui sortira le 9 mai prochain sur nos écran.
C'est avant tout un roman fascinant et troublant qui narre l'histoire d'une petite fille vivant à la Martinique au XVIIIème siècle. Issue d'une mère métisse et d'un père propriétaire terrien qui produit de la canne à sucre chez qui elle ira vivre à ses 10 ans, Angélique se retrouve plongée bien malgré elle dans le monde sombre et mystérieux du vaudou.
C'est ainsi que commence les péripéties d'Angélique, et qui de mieux pour conter son histoire que l'actrice qui a joué son rôle dans la série TV Dark Shadows des années 1970. Il est certain que le fait que Lara Parker soir l'auteur de ce roman renforce la profondeur des propos et des événements vécus par les personnages.
Dark Shadows a été pour moi un énorme coup de cœur et un grand plaisir de lecture. La façon dont l'auteur nous plonge au cœur de cette histoire est terriblement addictive, et on a réellement du mal à reposer le livre sans connaître la fin.
Plusieurs genres s'entremêlent avec tellement de facilité et d'efficacité qu'on se demande si l'histoire d'Angélique ne serait pas réelle en fin de compte.
Les ingrédients de la potion magique se mélangent parfaitement et envoûtent totalement le lecteur: le fantastique a la part belle avec le vaudou dont Lara Parker a du faire des études très poussées avant d'écrire son livre tellement elle maîtrise le sujet. L'aspect historique est très présent également avec l'histoire de l'esclavagisme à la Martinique, et en arrière-plan la Révolution Française, un peu à la manière d'un Autant en emporte le Vent version sorcière aux Antilles.
Et la romance n'est bien évidemment pas en reste, puisqu'il est question d'une histoire d'amour tragique qui vire au cauchemar, ou comment ce sentiment peut parfois devenir un poison, et faire perdre la tête aux gens.
Je me suis réellement attachée au personnage d'Angélique dont on découvre toute l'histoire, de son enfance de petite fille apeurée, transformée par son père en déesse vaudou pour calmer la colère des esclaves qui gronde, à sa vie de jeune femme qui doit vivre avec de lourds fardeaux et qui désespère de trouver enfin l'amour auprès de l'homme qu'elle chérit bien au-delà de la folie.
Son personnage digne des plus grandes tragédies grecques est bouleversant, et pose l'éternelle question: nait-on mauvais ou le devient-on à cause de ce que l'on subit?
J'avoue avoir eu une préférence pour la première partie du roman qui narre l'enfance d'Angélique à la Martinique, la découverte de ses pouvoirs et du vaudou. Elle semble alors être une petite fille très courageuse et qui parvient à se transcender malgré les terribles événements auxquels elle est confrontée. La deuxième partie aux États-Unis se déroule dans un décor beaucoup plus maussade, où on retrouve une Angélique qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Dark Shadows est un peu comme une sorte de réécriture du conte de La Petite Sirène. En effet, que ce serait-il passé si La Petite Sirène D'Andersen était sorcière, et avait décidé de ne pas renoncer à son amour au lieu de se jeter dans les vagues et devenir écume de mer?
Je trouve très intéressant que Lara Parker tente de replonger dans le terreau des contes de fées d'antan, où tout n'est pas tout blanc ou tout noir: si parfois la sorcière agit d'une certaine façon, c'est parce qu'on l'y a poussé. Et si l'armure du prince charmant semble trop brillante, c'est parce qu'elle doit cacher quelque chose de plus sombre.
J'ai tout de même deux petites choses à reprocher au roman: d'une part le fait que le tout début du roman soit un peu brouillon. J'ai eu du mal avec le mélange d'événements entre présent et passé, et à savoir qui était qui. Je pense que l'auteur a du penser en écrivant son livre que les lecteurs avaient tous vu la série TV des années 1970, et connaissaient donc déjà tous les personnages. Ce ressenti se dissipe très rapidement, puisqu'on se concentre ensuite sur Angélique et Barnabas.
D'autre part, j'ai trouvé à la fin du roman que c'était un peu irritant qu'Angélique s'attache autant à Barnabas malgré tout ce qui lui fait subir, mais j'imagine que c'est pour mieux mettre en avant son retour et sa vengeance par la suite.
Par ce biais, l'auteur s'attache à la psychologie des personnages qui sombrent peu à peu dans la folie, et donne réellement l'impression au lecteur de sombrer avec eux dans la plus pure tradition des grands romans gothiques.
En définitif, le premier tome de Dark Shadows est une petite merveille addictive, qui nous rappelle pourquoi on aime autant lire.
D'après la bande-annonce du film de Tim Burton, j'ai cru comprendre que celui-ci sera d'avantage axé sur le présent, et donc très certainement plus en rapport avec le deuxième tome des romans de Lara Parker: Réminiscences.
Le livre en lui-même n'a rien de déjanté comme le film de Tim Burton le laisse paraître, mais on comprend aisément pourquoi le réalisateur a souhaité adapter cette histoire sombre et terriblement fascinante.